Cendres sur le Gange

Ecrit par Evodie, Hadjara, Yacine et Jérémy
Photos : Anaïs



De nombreux hindous cherchant le repos eternel viennent mourir à Bénarès afin que leurs cendres soient déversées dans leur fleuve sacré, le Gange. Ils accèderont ainsi directement au Nirvana.

Bénarès 9h, nous arrivons à l’entrée des ghats servant aux crémations. Une odeur de bois de santal brûlé se fait sentir. Sous une chaleur pesante et une fumée étouffante, nous entrons dans ce lieu saint. Devant nous, chacun des hommes présents pratiquent une tâche bien précise. Parmi celles-ci, on y voit le transport du bois, sa découpe ainsi que sa pesée, mais aussi le nettoyage des ghats jonchés de cendres. Le bas des ghats étant réservé aux familles, nous sommes invités à nous rendre en hauteur. De cet endroit, nous apercevons plusieurs crémations. Un corps recouvert d’un tissu orange, couleur de l’hindouisme est purifié dans le Gange. Le défunt est ensuite placé sur le bois près à être brulé. A ses cotés, deux autres corps sont à moitié calcinés sur leurs bûches respectives. Le temps de crémation est d’environ trois heures.   

Etrangement, aucune émotion ne se fait ressentir sur les visages des travailleurs comme sur ceux des membres des familles. Cette ambiance de travail à la chaîne nous rappelle celle d’une usine. Dans ce lieu saint, nous avons l’impression que les corps des défunts ne sont pas respectés. La preuve en est que des vaches et des chiens errent dans les ghats broutant les cendres et laissant leurs excréments dans divers endroits. De plus, les corps en cours de crémation sont manipulés tels que des objets.


Un homme vient volontairement nous expliquer le déroulement des crémations. Premièrement, il nous apprend que les bûchers sont allumés avec le feu sacré de Shiva qui brûle dans le temple attenant depuis 3500 ans. Lors des crémations, un cycle religieux doit être respecté, tel que le lavage du corps avec sept lotions différentes et le rasage du crâne du fils ainé. La religion veut que la veuve se jette dans les flammes lors de la crémation de son mari. Cette coutume est devenue interdite depuis plusieurs décennies mais aujourd’hui encore certaines femmes la pratiquent.


Pour nous, occidentaux, ces traditions paraissent étonnantes mais pour les hindous la crémation signifie la libération de l’âme et de l’esprit. C’est donc avec un sentiment de paix que les familles des défunts acceptent le départ de leurs proches. Le fait que le corps soit bougé sans précaution ne représente aucun manque de respect car il n’est qu’une enveloppe charnelle dont l’âme s’est échappée.

4 commentaires:

  1. C'est très bien écrit je vous félicite pour se bon travail Bravo

    De la part de Laurlaye

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  2. Notre vision de la mort est à mille lieux de la leur... J'attends avec impatience vos impressions et ressentis sur de tels moments. Barvo encore pour la beauté de vos articles!

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  3. Pourquoi certains noms d'élèves n'apparaissent jamais sur le blog????????

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  4. ce sont des rites et des manières de penser le lien entre le corps et l'esprit que nous n'avons pas ici. Je comprends un peu mieux la place du feu pour eux par votre reportage. C'est vrai que la description de ce que vous avez vu donne voir d'abord un manque de respect, mais vous l'expliquez bien, c'est une autre relation au corps du mort que ce qu'on connait (sans trop y penser d'ailleurs, c'est de vous lire qui m'y fait penser...comme quoi il est toujours bon de changer de perspective!!)
    Votre séjour n'est pas terminé, profitez encore de tous ces instants de découvertes, vous les digérerez plus tard!

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